L'art de construire de faux débats
Parce qu'un débat se doit d'être viril. (Photo : La Presse)Le Québec vibre au rythme de Canadien (et un peu de Columbus), c'est un presque fait. Les médias en parlent donc abondamment et j'ai remarqué qu'ils excellent dans l'art de construire des débats à partir de entre pas grand chose et rien. Je l'aurais probablement remarqué même si j'étais sourd et aveugle et vous aussi.
En postant cette photo plus tôt aujourd'hui, Gabriel m'a mis la puce à l'oreille.
C'est tellement classique. Un média qui est loin de se spécialiser en hockey, qui rejoint le partisan moyen fâché et qui aime bien chialer contre les bénévoles payés avec ses taxes (
Le Banlieusard), pose une question sans intérêt. Une question facile à répondre, car elle ne demande pas à réfléchir, mais aussi impossible à répondre, car elle reste hypothétique. Une question qui sépare inévitablement les gens et qui entraîne inévitablement un débat ponctué d'insultes, de messages pour insulter ceux qui insultent, de messages pour dire que la question n'est pas très pertinente, de messages des gens « élites » qui veulent se remonter en crachant sur le hockey... Et les quelques bons messages qui peuvent amener le débat à un autre niveau se perdent dans ce torrent de messages haineux. C'est tellement classique. Tout ça parce que des gens vont argumenter (ou insulter, surtout) à propos d'un sujet qu'ils ne maitrisent pas, sur une question qui n'apporte absolument rien. C'est toujours comme ça et pas seulement par rapport au hockey. Mais, j'aime penser que le hockey, la façon dont il est traité, représente bien la société, mais à une plus petite échelle. Ça reste ces gens-là qui vont voter.
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J'arrive donc à la construction de ces faux débats qui s'adressent aux
fefans de Réjean Tremblay. Pour illustrer mon propos, voici
le texte original d'Elliot Friedman et la façon dont il a été traité par différents médias. J'utilise la partie où il est question de Tom Gilbert.
- Citation :
- 4. Entering Thursday’s encounter with Boston, Montreal’s ice-time distribution on the power play was PK Subban (3:43 per game), Andrei Markov (3:29), Tom Gilbert (0:57) and Nathan Beaulieu (0:45). In Sergei Gonchar’s first game, Michel Therrien split up the Markov/Subban duo, going primarily with Gonchar/Markov and Gilbert/Subban. The ice-time went Subban (5:02), Gonchar (4:49), Markov (4:32) and Gilbert (3:55). Subban and Gilbert benefitted from a 2:11 shift, which boosted their total. Hard to imagine that cannon regularly being the third option.
5. In Montreal, there is debate now about Gilbert’s future. One thing about GM Marc Bergevin: he feels very strongly that you can never have too many defencemen, and, by adding Gonchar, he clearly believes Montreal didn’t have enough to begin with. The 40-year-old played 20 minutes in his debut, just his fourth game after missing the first 11 with an ankle injury. He’s been pretty durable (out just 17 games the past three years), but, at that age, can you afford to lean on him too heavily?
6. Gilbert, for the record, does not have no-trade protection. There was a lot of interest in him last summer in free agency. One of the pursuers was Detroit, although if Joan of Arc shot right, we’d be linking her to the Red Wings even though she died 600 years ago.
7. Bergevin made two roster changes (Travis Moen and Rene Bourque) almost immediately after word was he wanted to force Jiri Sekac into the lineup. This happens from time-to-time. Most GMs will tell you the coach deserves the right to set the individual game roster. A manager’s power is in creating that roster. (I’ve written before that one GM explained how, a few years ago, he traded two players so his coach would play younger guys. That duo is still together.) Besides, getting Sekac into a regular spot is working for everyone.
D'abord, sur
25 Stanley, le titre : Tom Gilbert intéresserait les Red Wings. On pense tout de suite à une rumeur de transaction, alors que dans l'article de Friedman, il mentionne seulement que l'arrivée de Gonchar crée un débat à Montréal à propos de l'avenir de Tom Gilbert - veut-il dire chez la direction ou chez les partisans? (je penche plus pour la deuxième option) – et il mentionne aussi que si Jeanne d'Arc tirait de la droite, elle serait aussi associée aux Red Wings même si elle est morte il y a 600 ans. Les Wings avaient aussi montré de l'intérêt pour Gilbert cet été. Bref, pas grand chose ici, mais de la façon dont c'est repris, le partisan moyen qui ne se questionne pas trop et qui ne lit pas au complet pourrait penser qu'une transaction se prépare. Le texte est correct, mais je n'aime pas le titre.
Reste que ce n'est pas si pire. Sur
Dans les coulisses :
- Citation :
- Il y a un débat sur l’avenir de Tom Gilbert à Montréal. La confiance semble s’effriter entre lui et Michel Therrien.
Où est-il question de Michel Therrien dans l'article de Friedman? Ici aussi, ça amène une direction et il est facile de tomber dans le piège si on n'est pas trop attentif. L'auteur mentionne cependant qu'il ajoute subtilement son opinion. D'accord, je n'ai aucun problème avec ça.
Dans les coulisses n'est pas un média traditionnel et c'est parfait comme ça. Mais ça montre quand même la façon dont l'auteur traite du sujet de Tom Gilbert. Et c'est ce que les partisans font toujours : ils lisent à travers les lignes et partent des débats, ont des soupçons, des préjugés et viennent à haïr un individu alors que souvent, à la base, il n'en était même pas question. Ici, l'exemple n'était pas contre l'article de
Dans les coulisses, mais je trouvais que ça illustrait bien un processus qui se réalise trop souvent chez les partisans.
Bref, tout ça pour dire que j'aime bien débattre avec vous parce qu'on est capable d'apporter des points de vue différents et de le faire dans le respect. Le hockey est tellement un sujet plaisant à discuter, mais il faut aller au-delà du « est-ce que le Canadien va gagner la coupe? » ou du « Price fait gagner l'équipe à lui seul » pour vraiment l'apprécier. Et ça, les médias ont un rôle important à y jouer, un rôle qu'ils ne prenent malheureusement pas assez au sérieux selon moi. On préfère rejoindre les
matantes plutôt que de leur enseigner à apprécier d'autres facettes du hockey. C'est beaucoup plus facile.